Face à la flambée des prix de l’énergie qui malmène le budget des ménages français, les propositions politiques se multiplient. Parmi elles, celle de Jordan Bardella attire particulièrement l’attention. “Nous voulons faire baisser les factures d’énergie pour les Français”, a-t-il déclaré récemment sur BFMTV. Mais au-delà de cette promesse séduisante, que propose réellement le président du Rassemblement National et comment cela pourrait-il affecter votre portefeuille? Plongée dans les méandres d’une problématique qui touche chaque foyer et cristallise les débats politiques.
L’escalade des prix de l’énergie: un fardeau pour les ménages français
Depuis fin 2022, les Français subissent une augmentation vertigineuse de leurs factures énergétiques. Malgré le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement précédent, la situation demeure préoccupante. En moyenne, un foyer français débourse désormais près de 2500 euros annuels en frais d’électricité et de gaz, soit une hausse d’environ 30% en trois ans.
Cette pression financière s’explique par plusieurs facteurs: la reprise économique post-pandémie, les tensions géopolitiques affectant l’approvisionnement en gaz, mais aussi les coûts de maintenance du parc nucléaire français. L’hiver dernier, près d’un Français sur quatre a déclaré avoir restreint son chauffage pour éviter des factures trop salées, selon l’Observatoire national de la précarité énergétique.
À l’approche de l’hiver 2025-2026, la crainte d’une nouvelle envolée des prix alimente les inquiétudes. Dans ce contexte tendu, les propositions de Jordan Bardella résonnent particulièrement auprès de l’opinion publique.
La solution Bardella: entre pragmatisme et ambition
Qu’on apprécie ou non son orientation politique, Jordan Bardella s’est imposé comme une figure incontournable du paysage politique français. À 30 ans, ce natif de Seine-Saint-Denis préside le Rassemblement National depuis 2023, après avoir succédé à Marine Le Pen.
Sa proposition concernant l’énergie repose sur plusieurs piliers complémentaires. D’abord, une réforme de la tarification de l’électricité avec un retour partiel aux tarifs régulés et une refonte du système ARENH (Accès Régulé à l’Énergie Nucléaire Historique). Selon Bardella, ce mécanisme actuel “fait perdre des milliards d’euros à EDF tout en enrichissant des opérateurs privés”.
Ensuite, il propose une renégociation des contrats d’achat d’électricité à long terme pour les consommateurs particuliers, couplée à un plan d’investissement massif dans la rénovation énergétique des logements. “Notre ambition est de permettre à chaque Français de réduire sa consommation d’énergie de 30% d’ici 2030, sans pour autant réduire son confort”, affirme-t-il.
Enfin, le programme comprend une relance de la filière nucléaire française, avec la construction de six nouveaux réacteurs EPR2 et le prolongement de la durée de vie des centrales existantes. “L’indépendance énergétique de la France passe par le nucléaire, une énergie décarbonée produite sur notre territoire”, martèle Bardella.
Un projet en concurrence avec d’autres visions politiques
La proposition de Bardella n’évolue pas dans un vide politique. D’autres formations proposent également leurs solutions pour alléger la facture énergétique des Français.
Le parti présidentiel défend une approche plus libérale, privilégiant les aides ciblées pour les ménages modestes plutôt qu’une intervention directe sur les prix. La gauche, elle, prône un retour complet aux tarifs régulés et la nationalisation intégrale des entreprises énergétiques.
Ce qui distingue la proposition de Bardella, c’est son approche hybride: une intervention étatique ciblée combinée à des incitations au marché privé pour investir dans les énergies renouvelables. “Nous ne rejetons pas la transition énergétique, mais nous voulons qu’elle se fasse à un rythme soutenable pour les Français”, précise-t-il.
Par rapport aux propositions écologistes qui misent principalement sur les énergies renouvelables, la vision Bardella se démarque par son pragmatisme énergétique, refusant d’opposer nucléaire et renouvelables.
Quels impacts pour le marché français de l’énergie?
Les experts s’accordent à dire que la mise en œuvre des mesures proposées par Bardella aurait des conséquences significatives sur le marché énergétique français.
À court terme, une baisse des tarifs administrés soulagerait directement le pouvoir d’achat des ménages. Cependant, cette intervention pourrait fragiliser certains fournisseurs alternatifs d’énergie, déjà mis à mal par les récentes crises.
À moyen terme, le renforcement du parc nucléaire garantirait une production électrique stable et relativement bon marché. L’abandon progressif des importations d’hydrocarbures réduirait également l’exposition de la France aux fluctuations des marchés internationaux.
Michel Derdevet, économiste spécialiste des questions énergétiques, nuance toutefois: “Ces mesures pourraient effectivement réduire la facture des ménages, mais elles nécessiteraient des investissements colossaux que l’État français, déjà fortement endetté, peinerait à assumer seul.”
Comment réduire sa facture d’énergie sans attendre les décisions politiques?
En attendant que ces propositions se concrétisent éventuellement, les Français peuvent d’ores et déjà adopter plusieurs stratégies pour alléger leurs factures énergétiques.
La première concerne les gestes quotidiens: baisser le chauffage d’un degré permet d’économiser environ 7% sur sa consommation, débrancher les appareils en veille peut réduire la facture de 10%. L’isolation des fenêtres avec des rideaux thermiques ou des joints constitue également une solution abordable et efficace.
Pour les propriétaires, l’investissement dans la rénovation énergétique reste la solution la plus rentable à long terme. MaPrimeRénov’ et les certificats d’économie d’énergie peuvent financer une partie significative de ces travaux.
Enfin, comparer les offres des différents fournisseurs d’énergie peut permettre d’économiser jusqu’à 15% sur sa facture annuelle, selon le médiateur national de l’énergie. Les offres à prix fixe, bien que généralement plus chères à la souscription, protègent contre les hausses de prix pendant la durée du contrat.
Vers un nouveau modèle énergétique français?
Au-delà des considérations immédiates sur le pouvoir d’achat, la proposition de Jordan Bardella pose une question plus fondamentale: quel modèle énergétique pour la France de demain?
Entre la nécessité de décarboner notre économie, l’impératif de compétitivité et l’exigence de justice sociale, l’équation n’est pas simple. La proposition de Bardella, privilégiant le nucléaire tout en intégrant progressivement les renouvelables, représente une vision parmi d’autres de l’avenir énergétique français.
Que l’on adhère ou non à cette vision, le débat qu’elle suscite est salutaire. Car au fond, réduire les factures d’énergie n’est pas qu’un enjeu économique, c’est aussi une question de modèle de société.
Dans un pays où 12% des ménages consacrent plus de 8% de leurs revenus aux dépenses énergétiques, l’accès à une énergie abordable reste un pilier essentiel du pacte républicain. Les mois à venir nous diront si la proposition de Bardella saura convaincre une majorité de Français de sa pertinence et de sa faisabilité.